Les œuvres sélectionnées pour le concours

Les lauréats en collège

Cliquez sur les images pour accéder aux pistes audio.

1er prix : collège Maréchal Leclerc de Hauteclocque - classe de 6e (Beaucamps-le-Vieux)

Corybante étouffant les cris de Jupiter enfant, Louis-Léon Cugnot

Nous faisons cercle autour de toi.
À travers le cercle
Je vois un poing serré
Contracté
Un bras fort sur lequel repose un bouclier lourd
Qui emplit mon cercle
Rond comme le soleil en été
Et comme la pleine lune
On dirait une assiette
Tenue par un serveur très agile
Qui ne craint pas de la faire tomber
Le bouclier
À la main du combattant
Et son épée
Les deux seules choses qui donnent l'espoir
De lui faire gagner ce combat contre Saturne
Il est surtout rongé par un sentiment
De la honte
Qu'est-ce qu’un père comme ça peut faire ?
À travers le cercle
J’entends le bruit de l’épée du Corybante
Tapant avec force sur le bouclier
Un puissant bruit de métal
Audible à des kilomètres
Qui fait de l’écho
Un bruit grave qui cache les pleurs du bébé
Son bouclier résonne avec les cris de Jupiter.
À travers le cercle
Son casque montre sa gloire et sa puissance
On dirait une crinière de cheval
Une crête de coq
Une queue d’animal
Un embout de brosse aux pics rugueux
Durs et épais
On dirait un diadème de princesse
Un diadème de bronze devenu vert
Presque noir
Je vois la tête du combattant
Qui regarde le bébé
Je vois des yeux
Un nez
Une bouche
Des oreilles
Des cheveux dépassant du casque
Et des sourcils
Un visage rempli de haine, de colère et de pitié
L'incompréhension
D’une chose qu'il a l'air d'ignorer
L'égoïsme d’un père
Ne pas vouloir partager le trône
À travers le cercle

Je vois les genoux et les cuisses du Corybante
Qui sont très musclées
L’une des jambes est reculée
La jambe dépliée
Les tibias
Puis les pieds du Corybante
Ils sont grands
Un est tordu
Les deux sont sur la pointe
J'entends un crissement ténu
Sous un pied qui danse
Un pied qui tourne
Il y a la terre qui crie
Le sable qui grince
Le caillou qui tinte.
À travers le cercle
Je vois une flamme
Une flamme olympique ?
Une flamme olympienne
Le bébé tient une torche dans sa main
Il enflammera le monde
C’est une histoire remplie de haine.
À travers le cercle
Je vois un bébé
Dans la peur et la tristesse
C’est Jupiter
Il pleure tellement
Qu'il s’étouffe
Ça me fait très mal aux oreilles
C’est un petit corps triste
Une tête penchée en arrière
Une bouche ouverte
Des sourcils froncés
Des yeux ouverts remplis de larmes
Qui coulent tout le long de ses joues
Une main ouverte
Avec un bras tendu devant lui
Un autre bras crispé
Qui tient une couverture
Des jambes tendues
Croisées
Avec les genoux pliés
Des petits orteils contractés
Il a la tête en l'air
Comme s'il essayait d’admirer le Corybante
Malgré ses larmes.
Au-dessus de lui
Se trouve un homme debout
- Corybante -
En train de faire sa danse pour le calmer.
Nous faisons cercle autour de toi.

2nd prix : collège Victor Hugo, classe de SEGPA 6e/5e (Ham)

Le Radeau de la Méduse, Pierre-Désiré Guillemet, d’après l'oeuvre de Théodore Géricault

Mais que fais-tu là avec tes ridicules morceaux de bois poussés par ce rideau marron ?
Avec ton voile courbé qui effraie les poissons,
Avec ces gens morts de faim et de peur qui vont se dévorer entre eux,
Pourtant tu es là pour secourir ces hommes et ces femmes à bord de ce radeau
malheureux.

Mais que fais-tu là avec ta minuscule barque qui tangue et qui donne le mal de mer ?
Avec tes corps blancs et pâles qui ne rejoindront jamais la terre,
Avec des membres qui dépassent et des gouttes de sang qui coulent jusqu'au fond de
l’océan,
Pourtant tu es là pour flotter et glisser sur mes vagues qui t'emmènent voir le
firmament.

Mais que fais-tu là avec notre grande embarcation qui est en train de couler ?
Avec tes bois marrons et gris qui, abîmés par les vagues, sont prêts à plonger,
Avec ta tristesse qui te fait flotter, qui se bat, de peur de ne pas réussir,
Pourtant tu es là pour moi et nous allons aider à les secourir.

Mais que fais-tu là avec ce petit foulard qui vole au-dessus de ma tête frisée ?
Avec ce radeau sombre qui a des lattes cassées et brisées,
Avec tous nos corps mourants qui anéantissent notre faible espoir,
Pourtant tu es là pour nous aider à appeler à l’aide, pour nous voir dans le noir.

Mais que fais-tu là avec tout ce monde qui meurt sur tes énormes et lourdes planches
de bois ?
Avec ta couleur brune comme le sable au fond de l'eau qui se noie,
Avec le stress accumulé par les survivants qui nous rend angoissé,
Pourtant tu es là pour porter les vivants sur ton ponton rafistolé.

Les lauréats en lycée

1er prix : lycée professionnel du Marquenterre - classe de 2nde Hôtellerie et Restauration (Rue)

Retour de marché ; Kabylie, Louis-Maurice Boutet de Monvel

Ce long voyage m’a épuisé. La couleur du ciel appelle la fraicheur du puits. J’ai soif. La transpiration s’égoutte le long de mon corps. Le soleil, à son apogée, brouille ma vue. Marcher sur le sol brûlant et rocailleux est difficile tant la terre est devenue compacte et dure.
Peut-être que vous pensez que je me plains toujours mais j’ai de bonnes raisons.
Ma charge lourde et volumineuse me casse le dos. Des marchandises sont entassées dans de grands sacs de jute : des épices dont l’odeur puissante m’enivre, du foin, de la viande, du blé, des herbes et des tissus. Celui que je soutiens, bouge beaucoup et m’empêche d’avancer à bonne allure. Mon rêve serait qu’il descende car je le supporte depuis l’aube. Je ne pensais pas que le trajet serait si long. Heureusement que ce merveilleux paysage était là pour me donner l’envie de continuer. La montagne, aride, avec ses chemins sinueux est somptueuse ; ses sommets vertigineux aux teintes ocres et brun orangé m’éblouissent.
Les autres, derrière, ne doivent pas abandonner. Je les guiderai jusqu’au bout du chemin. Je leur montre l’exemple, en poussant de fréquents cris. Bientôt, nous serons de retour au village. Mon maître, fatigué lui aussi, me bouchonnera et me donnera à boire. Puis, en récompense, il m’offrira une carotte et me caressera : « Bravo, tu es une brave bête !».

2nd prix : micro-lycée - classe de 1re générale (Amiens)

Lady Godiva, Jules Lefebvre

Lady Godiva, sur son cheval blanc
Traverse la ville le coeur battant.
Ses longs cheveux blonds cachent sa peau
Comme un voile sous le ciel haut.

Les rues sont sombres, les portes fermées
Personne ne regarde, tout est figé.
Mais dans les coeurs, on sait déjà
Son grand courage ne s'oubliera pas

Pour les siens, elle fait ce choix
Pour leur bien, elle n’écoute que sa voix
Bravant la honte, défiant le sort
Son nom résonne, fort et d’or